EXIL =
Le statut des espagnols en France / Evolutions
Dans les années 1920 la France dont le taux de natalité est le plus faible d'Europe et qui souffre aussi des conséquences démographiques de la 1ère Guerre mondiale (avec 1 400 000 hommes en moins et autant d'invalides de Guerre inaptes au travail pour une population qui n'atteint pas 40 000 000 d'habitants) est un pays demandeur de main d'oeuvre . Aussi le 31 mars 1927, à la Chambre des députés, André Mallarmé, le rapporteur de la Réforme du Code de la Nationalité ( car l'ancien Code datant de 1889 est jugé obsolète) déclare : « Si ces étrangers viennent à nous, s'ils acceptent notre nationalité, s'ils nous la demandent, nous n'avons vraiment aucune raison pour ne pas la leur accorder et ne pas en faire des français comme les autres. Et nous pouvons le dire sans aucune humiliation car ce geste des étrangers venant à nous est plutôt à l'honneur et à la gloire de la France . Et ce fut la préoccupation essentielle des auteurs de cette nouvelle loi : nous avons voulu augmenter notre population nationale » . Et la France, pragmatique (qui a besoin de bras, de sang neuf et de ventre féconds), signe de nombreux accords avec l'Italie, la Tchécoslovaquie, la Pologne...
L'hexagone est donc un pays
d'accueil pour les immigrés : les polonais (qui arrivent par le
train dans les gares du Nord où l'on attend des mineurs) et les
italiens sont alors et dans cet ordre les 2 groupes d'immigrés les
plus importants. Mais les espagnols – 3ème groupe - sont déjà
352 000, installés surtout dans 4 départements viticoles du Sud :
Gironde, Hérault, Aude, Pyrénées Orientales et Gard, ou dans des
bassins houillers comme celui de Décazeville en Aveyron.
La France des années 20 est un
refuge pour ces vagues d'exilés que sont les Russes blancs – 400
000 dit-on - fuyant la Révolution bolchévique (dont quelques uns -
issus de l'aristocratie - ont les moyens de s'installer dans les
beaux quartiers parisiens ou sur la Côte d'Azur mais dont la
majorité trouve un emploi et un logement en banlieue : ils
seront chauffeurs de taxis, coiffeurs à Paris ou ouvriers à
Renault-Billancourt, et l'on parlera de « Billankoursk »...)
et les Arméniens – environ 58 000 - victimes du génocide de
1915. Sans moyen, ces derniers trouveront à se loger dans des
meublés de Marseille ou bien sont placés dans des camps
improvisés : Oddo, Mirabeau ou Victor Hugo, puis s'installent
dans des régions urbanisées et industrialisées de la Vallée du
Rhône ( Arméniens des usines textiles de l'Isère... )
Les uns et les autres formeront
des communautés dans lesquelles les solidarités n'excluent pas les
différents politiques : les arméniens socialisants du parti
Daschnak s'opposant aux communistes du Hentschak …
Bientôt arriveront aussi les
anti-fascistes italiens puis des allemands réfugiés politiques
antinazis ou juifs.
A ne pas oublier non plus en ce
début des années 30 toutes ces familles d'immigrés espagnols
d'origine rurale et pauvres qui sont installées, nombreuses, dans
les Hautes-Pyrénées au point qu'on dit de la ville de Tarbes
qu'elle est un « village aragonais ».
En 1937 pourtant, et durant la
Guerre, les autorités françaises vont refuser aux exilés espagnols
ce qui existait depuis 1920 pour les Russes blancs et les Arméniens .
Un premier décret, celui du 27 novembre 1937, stipule maintenant que
« seuls sont autorisés à résider en France les réfugiés
qui possèdent les ressources suffisantes pour y demeurer sans
occuper aucun emploi ou qui peuvent être accueillis par des
personnes prenant l'engagement de subvenir à leurs besoins,
exception faite pour les femmes, les enfants, les vieillards et les
malades qui peuvent être encore hébergés aux frais des
collectivités publiques ». En novembre 1938, le gouvernement
Daladier décide l'internement administratif des « indésirables » et ouvrira un premier camp, le camp de Rieucros en Lozère.
Cet internement administratif signifie que désormais des individus vont être visés et détenus non pour ce qu'ils ont fait (ou sont présumés avoir fait) mais, en totale contradiction avec les procédures traditionnelles, pour la menace qu'ils sont sensés représenter aux yeux du gouvernement.
Cet internement administratif signifie que désormais des individus vont être visés et détenus non pour ce qu'ils ont fait (ou sont présumés avoir fait) mais, en totale contradiction avec les procédures traditionnelles, pour la menace qu'ils sont sensés représenter aux yeux du gouvernement.
Et apparaissent les camps de concentration de la IIIème République, d'abord destinés à ces "indésirables" puis, avec la déclaration de Guerre de septembre 1939, aux "ressortissants des puissances ennemis"… des opposants politiques à Hitler, Mussolini, des juifs, car de nationalités allemande ou italienne !
Le
régime de Vichy a ensuite la triste idée de pratiquer la déchéance
de nationalité pour qui l'a acquise, et la loi du 22 juillet 1940, «
La France aux Français », entraîne ainsi la perte de la
nationalité française qui l'avaient obtenu précédemment pour des
milliers d’Espagnols et d’Italiens, fuyant la misère économique, la guerre ou le fascisme, ainsi que pour tous les émigrés
des pays de l’Est, fuyant les persécutions antisémites et venus
chercher refuge en France........
Après Guerre, les nouvelles
autorités vont prendre en considération le Statut International
des Réfugiés qui existait déjà depuis le 28 octobre 1933, et
l'existence du passeport de Nansen. #
Le décret du 15 mars 1945 (
publié par le JO du 21 avril 1945) confère aux réfugiés espagnols
le Statut international de réfugiés politiques et leur accorde un
Certificat d'identité et de voyage.
Ils relèvent de l'Office
National des Réfugiés puis, à partir de 1952, de l'Office Français
de Protection des Réfugiés Apatrides (OFPRA) et sont titulaires
d'une « Carte de résident privilégié » valable 10 ans
( contre 3 aux étrangers non réfugiés ), ont accès au marché du
travail et à la Sécurité sociale. Mais les autorités leur
rappellent qu'ils doivent se tenir à l'écart de toute manifestation
politique française et ne sont tolérées que celles concernant
l'Espagne.
En 1954, on estime encore à
108 000 les réfugiés politiques qui forment environ 1/3 de
l'ensemble de la communauté espagnole ( les immigrés économiques
les 2/3 restant) , installée surtout dans le Sud Ouest ou bien
dans la banlieue parisienne.
A partir de cette même année,
il y a changement : les espagnols peuvent obtenir un visa du
Consulat pour voyager en Espagne et revenir en France, en
contre-partie, à leur retour, ils ne sont plus considérés comme
des réfugiés politiques par la France mais comme des immigrants
économiques espagnols. En 1978, l'Espagne ayant changé -si peu- ils perdent
la qualité de réfugiés politiques en devenant soit des citoyens
espagnols en France, soit des français ( par naturalisation ).
Philippe Guillen,
08/12/2015
# , Du nom du diplomate norvégien Fridtjof Nansen (1861-1930), ex-champion de ski et de patinage sur glace, explorateur du Groenland mais aussi Haut-Commissaire pour les Réfugiés de la SDN (Société des Nations ) et Prix Nobel de la Paix. Ce « passeport » est créé en juillet 1922 pour les réfugiés de l’ancien Emipre Russe fuyant la Révolution de 1917 et qui deviendront apatrides en 1922 ( décret soviétique du 15 /12/ 1922)
Abajo : n° 1 , ( 1936-1945 ) mi esquema sobre el Exilio republicano
n° 2, ( Post-Guerra ) una de las differentes cartas,ella de"Résident privilégié"
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