dimanche 27 septembre 2020

Comment aborder une recherche aux A.D.

COMMENT ABORDER UNE RECHERCHE AUX A.D. Archives Départementales. Ce texte, bien que trop long, est juste une petite aide-à-recherche, sans prétention, et qui plus est bien incomplète: elle n’évoque qu'un début possible de la démarche, l’enquête aux Archives. A peine comment passer un seuil, et ne pas hésiter ni désespérer !...

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LES RECHERCHES : Surtout il ne faut pas que penser qu'il y a une seule recette, "the" solution qui serait miracle et que les AD sont la seule ressource. Non-non ! En dépit de forts points communs, chaque cas de famille peut être différent. A nous, l@s hij@s, niet@s o sobrin@s, de nous aider mutuellement et de nous confier nos petits "trucs" pour réussir car il y a des exigences communes, des expériences à partager, pour mener à bien nos enquêtes. En 1er lieu, il nous faut de l’envie et de la détermination -et nous n'en manquons pas!-, ensuite de la méthode et du temps à lui consacrer. Souvent, c’est parce qu’on manque de méthode qu'on fait une course contre la montre et qu’on galère … Parfois aussi, on a de la chance ! Mais à défaut d'en avoir sur ce sujet, rappelez-vous : la rigueur aide la chance !

Le tout 1er acte avant même d'entrer aux AD reste d'interroger la famille, les survivants muni de son petit calepin, et de ne pas négliger non plus la fouille d'armoires et placards -même si on répugne un peu à ça- et surtout de tout noter , tout, détail compris et même d'apparence insignifiante, car nul ne peut savoir au préalable quel élément pourra l’aider à la recherche plus qu'un autre. Il suffit parfois de repérer dans une photo un petit signe militaire sur une vareuse, une casquette qui rattache notre parent à un groupe, toujours plus aisé de suivre dans son parcours et les papiers conservés aux Archives départementales qu’une seule personne. Rappelez-vous aussi : pour les militaires français, les gardes-mobiles qui les enregistraient à leur arrivée, bien souvent et avant tout, les nôtres ne formaient qu’un "tas" : le tas ou les petits tas de ces espagnols, ces « rouges », ces « indésirables »… Des centaines de milliers, des soldats vaincus et totalement démunis, ignorants de la langue française, parfois de l’écriture et des us et coutumes du pays « d’accueil »…. Comment, par exemple, corriger un caporal français qui prend très mauvaise note de vos noms, de votre prénom -orthographe approximative, pseudo-phonétique et francisée- quand il y a bousculade dans l’immense file derrière vous, quand vous ne savez pas lire et que de toute façon vous êtes mal placé pour observer tête-bêche ce qu’écrit un soldat face à vous, à l’envers, quand il fait froid et qu'on voudrait juste se reposer, vite avaler un bout de pain ou pisser.... D’ailleurs, il ne vous écoutera pas, « il a autre chose à foutre, paraît-il ! »

Aux AD :

A défaut de savoir le parcours de vos parents quand ils étaient militaires, de leur Division, Brigade, compagnie et d'infos sur les camps de concentration français où on les parqua, prenez la chronologie à l'envers et tentez une "montée à rebrousse-poil", allez donc aux Archives du dernier département français de résidence de vos parents.

Aux AD donc, après avoir obtenu une carte d'accès (c'est gratuit -service public !- il suffit d'arriver avec sa carte d'identité ou sa DNI si vous êtes espagnol) et après avoir rempli un petit formulaire-bateau d'inscription, vous entrerez en salle de lecture. Une fois en cette salle, demandez au collègue archiviste à consulter les inventaires papier ou bien comment avoir accès à l'inventaire numérisé : il y a des postes informatiques dans la salle. Avec le code/mot de passe personnel qui vous sera attribué vous pourrez commencer vos recherches. Dans tous les cas (hormis les politiques connus ou quelques artistes) n'envisagez pas trouver immédiatement le super-dossier ou papier qui concerne vos parents, justement! Il est rare qu'au seul énoncé de leurs noms et prénoms vous ayez tout et tout de suite. Non, il vous faudra passer par des étapes préalables et ensuite il vous faudra fouiller dans des boites d'archives, dans des dossiers, dans des liasses, des listes, des papiers..., pour espérer les trouver. Il faut d'abord, plutôt que de les envisager en tant qu'individu, considérer vos parents comme membres d'un groupe (les réfugiés espagnols de..., arrivés ou passés par là en...) et mener vos recherches "en entonnoir". En passant souvent du général (le groupe) au particulier (les individus). Bref, il faut comprendre qu'en archivistique nous avons des méthodes de classement, comme une arborescence, et qu'avec la recherche du bon Fonds (sur la bonne thématique) on accède ensuite à la/les cotes indispensable(s) à toute consultation. Vous pouvez vous faire aider pour cette recherche de ces cotes en indiquant que vous faites des recherches sur les réfugiés républicains espagnols à partir de 1939. Si la personne derrière sa banque/comptoir est un vrai archiviste et qu'il n'y a pas trop de monde il vous aiguillera sur les inventaires. Surtout s'il vous sent précis dans la requête et méthodique. Il sait que la personne qui ne s'est pas préparée à mener une recherche, qui arrive "les mains dans les poches" sans avoir préalablement réfléchi et sans avoir accumulé quelques détails utiles, quelques dates ou lieux (même ténus) va pagayer dans la semoule... et lui faire perdre du temps, en vain (car employés de cette fonction publique que méprise nos ministres- nous sommes bien trop peu pour mener nos taches et nos missions : à savoir, collecter, classer, conserver-conditionner, communiquer). Dans tous les cas armez vous de patience. Vous allez enquêter, et ce que vous trouverez sera le fruit de votre travail, de votre concentration et de votre méthode, rien ne vous sera servi sur un plateau. En contrepartie de ces efforts, soyez en sûr, toute découverte même la plus infime fera votre fierté, et après c'est comme des fils que l'on tire. Parfois ils mènent à quelque chose, parfois non (dites-vous que même s'il n'y a rien, cela à tout de même valu la peine d'essayer ce fil là puisqu’ il vous permet d'éliminer une fausse piste, d'en réduire le nombre et de vous concentrer maintenant sur une autre possibilité). Parfois pour trouver, comme il n'y a pas toujours de "ligne" directe, il faut procéder par élimination ou bien prendre des contours imprévus. Des fois, il y a juste leur nom, au milieu d'une longue liste, et déception! Vous pensez qu'il n'y a rien d'autre à en retirer, zut! Vous vous trompez : regardez bien les "alentours", le titre, la date, le lieu. Notez les ou photographiez-le (vous y êtes autorisés si vous n'utilisez pas de flash) et surtout-surtout prenez très scrupuleusement les cotes (même celles des pistes éliminées, pour ne pas y revenir par mégarde, et se perdre). Car LA COTE c'est pour nous archivistes et doit le devenir pour vous, un élément "central" : c'est l'adresse d'une boite d'archives dans les dizaines de km linéaires de documents que comptent les épis et tablettes des magasins des A.D. En général aux AD, les Fonds concernant nos parents réfugiés sont en 4M (archives de police, gestion des étrangers, cabinet du Préfet du département) ou en W (après 1940) mais faites le vous préciser par l'employé ou l'archiviste local, ce n'est pas le déranger que de le lui demander : entretenez de bonnes relations avec lui, vous verrez... Parfois il est intéressant de demander s'il n'y a pas des fonds aussi sur d'autres supports que le papier (ce sera une autre cote) ou s'il n'y a rien ou quelque chose dans les périodiques, journaux de l'époque (en général, conservés dans le fonds J ou Jx), mais commencez donc par consulter les inventaires (ou instruments de recherche) et dans la 4M en particulier.

Pourquoi ce conseil d’aller voir aux Archives du dernier département français de résidence de vos parents ?

2 cas possibles liés à la demande de naturalisation (le 3ème cas = s’il n’y a jamais eu demande ! Dur-dur !). Quand ils ont déposé, à moment donné, une demande de naturalisation, il peut y avoir des « traces » de vos parents : les papiers qu’ils ont du accumuler et remettre à l’administration française pour justifier de leur identité et argumenter leur demande de naturalisation, comme des attestations de bonne moralité signées du maire, d'un employeur, de voisins... Cela -ces traces conservées- surtout quand leur demande a été ajournée ou même rejetée. Mais attention, pas dans toutes les AD, parfois ces dossiers passés par les préfectures avant de « monter » à Paris puis retournés en préfecture ont été éliminés faute de place dans les linéaires des magasins (un service public, quoi !.. et ses petits moyens) ou ont parfois été échantillonnés : ton nom commence par B, on conserve ton dossier mais par G (malheur aux Garcia...) on t’élimine, etc… Difficile à avaler, mais pour une administration « économe », ce n'étaient que des étrangers, après tout !!! Quand leur naturalisation a été acceptée et que les vôtres n’ont hélas pas conservé le papier original individuel du décret à leur nom (mais grâce à la date, il y a tout de même possibilité de retrouver mention de l’acte à leur nom dans le J.O de la République, un de ces gros registres du Journal Officiel conservé parfois en mairie, aux AD…) demandez-le! N’hésitez pas, vous êtes parfaitement dans votre droit, et faites faire une copie par l’employé : cela vous en coutera le prix d’une photocopie , comme si vous la faisiez chez un buraliste. Par contre, dans ce cas : celui d’une naturalisation acceptée, vous n’aurez hélas pas la possibilité de trouver ce dossier la aux AD, il est resté entre les mains des archives de l’administration centrale (allez-y), puisque non retourné vers la préfecture du département d’envoi et résidence. Mais rassurez-vous, il peut tout de même y avoir d’autres traces de passages, toutes aussi intéressantes, dans leur AD de préfecture…. Exemple de document : ces cartes estampillées de l’Office français des réfugiés qui les avait en charge-ou surveillance- quand non naturalisés. Ce sont des petites cartes pliées en 2 (format A5) avec photo d’identité émouvante, car parfois on ne l’a pas nous-mêmes, et parce qu’on les y « voit » vieillir. A chaque fin de validité en effet, ils déposaient la vieille carte que conservaient donc les services, et on leur en délivrait une nouvelle. Il y a parfois toute une « collection » à leur nom conservée de ces cartes carton bleu pâle façon carte d’identité.

Rotundjuuu !!! J'allais oublier aussi de citer une piste possible, celle des archives municipales. Certaines n'existent pas ou plus (le bâtiment ou la salle dédiée) mais leurs fonds ont été versés aux AD. Les petites mairies en effet, n'ont pas toujours les moyens de bien conserver leurs fonds aussi les versent-elles, les transfèrent. Par contre, dans les archives de la mairie d'une ville-préfecture, plus grande, ces fonds sont souvent encore conservés aux archives municipales. Ne confondeons donc pas AD et AM ! Les documents qui peuvent être intéressants et à ne pas négliger ce sont les recensements des étrangers de la commune. Et surtout lorsque vous savez le passage de votre famille dans telle ou telle commune. Pour retrouver ces "recensements des étrangers", il existe le "cadre de classement" des AD, c'est-à-dire le plan directeur qui établit la répartition des fonds en grandes divisions et subdivisions appelées, et dans toutes les AD, des séries et sous séries. Par exemple la 4M est une sous-série (celle des archives de police) de la grande série M qui rassemble les documents d'administration générale et économie versés par la Préfecture. Pour les registres de recensement des étrangers dans la commune c'est donc plutôt vers la série E du cadre de classement qu'il faut se diriger. Demandez l'inventaire du E pour avoir la bonne sous-série et trouver ensuite la bonne commune, la bonne année, et ainsi vous aurez une COTE (vous savez ?.. L'adresse!)

J'arrête. Pardonnez la longueur et, Bonne recherche. ! Animo !