lundi 25 décembre 2017


Les objets, traces d'histoire (3):                  

La « sulfateuse » STERN

 

 

 

La « sulfateuse à fridolins /ou doryphores» STERN (des initiales des inventeurs : le major Reginald V. Shepherd, l’ingénieur Harold Turpin et des lettres EN,  pour arsenal royal d’Enfield)  est un célébrissime pistolet-mitrailleur britannique des années 40.
"La" Stern es famosa pistola-ametralladora britanica de los años 40 (iniciales de los inventores: S-T y letras ERN para arsenal real de Enfield)                   
                                              





                                       
Durant la Seconde
Guerre mondiale, grâce
à sa fabrication simple
(par emboutissage), à
son poids léger (2,95 kg
à vide), à sa petite taille
et forme caractéristique (en
raison de la position
latérale de son chargeur),
le P.M 9mm
Stern est devenu l’arme-
symbole de la Résistance 
européenne (parachuté aux
maquis par la Royal Air Force),
47 pièces et fabriquée à si peu de
frais (30 shillings de l’époque).





D’un maniement aisé, très efficace à courte portée (jusqu'à 100 m), avec seulement 47 pièces donc facile à nettoyer, démonter et remonter (donc dissimulable), c’est le P.M. de la Guerrilla, l’arme des combats d'embuscade à tir rapproché.
Les premières STERN seront fabriquées en juin 1941
En dépit de ses problèmes de fonctionnement: elle s'enrayait souvent et, une fois armée, avait une propension au tir incontrôlé (quand l'arme tombait, son chargeur pouvait se vider tout seul), «la» Sten était très populaire auprès des soldats britanniques, des résistants …
mais encore des collabos de la Milice
française, que l'occupant       
nazi ne voulait pas équiper de ses
armes et même… des commandos
allemands préférant souvent cette
 arme arrachée à l’ennemi plutôt que
le MP40 allemand, plus fiable
pourtant, mais plus lourd (3,97 kg).



Après la guerre, la fabrication
de Sten « non officiels » se
poursuit dans certains pays.
par exemple en Palestine, dans les ateliers
« à peine » clandestins de la Haganah (mouvement sioniste armé)…


Le Grêlé 7-13 (le nombre de ses taches de rousseur), héros des Editions Vaillant, Pif-Gadget


mercredi 29 novembre 2017



Les objets, traces d'histoire (2) : La guillotine

 


Le 28 novembre 1789, devant l'Assemblée constituante, a lieu la toute première présentation   d'une nouvelle machine à exécuter les condamnés. Celui qui officie va laisser son nom: il s'agit du député Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814)
L'histoire associera son patronyme à l'outil qui prendra  le surnom de "guillotine".

C'est le chirurgien Antoine Louis qui, en s'inspirant d'une machine d'origine écossaise et aidé par un certain Schmidt, fabricant ... de clavecins, a mis au point cette machine qui permet d'abréger les souffrances des condamnés en les... décapitant d'un coup - la louisette / la louison sont ses autres surnoms -. 
Moyen "le plus sûr, le plus rapide et le moins barbare" et sans les inconvénients de la décollation par le sabre ou la hache - qui peuvent ripper - , la guillotine introduit de l'égalité dans les supplices. Jusque là on exécutait les roturiers soit par pendaison soit sous les supplices: bûcher, roue, écartèlement, alors que les aristocrates - privilège !- étaient décollés.

"Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d'oeil, et sans que vous éprouviez la moindre douleur" aurait déclaré le député Guillotin lors du débat à la Constituante. 

En 1791, l'Assemblée étudia tout de même un projet de Code pénal présenté par Michel Le Peletier de St- Fargeau (1760-1793) °°°, qui a déjà renié ses origines nobles pour épouser la « vraie cause », celle du peuple français et rejoindre les Montagnards. Le code envisageait la suppression de la peine de mort et son remplacement par une peine d'emprisonnement de 12 à 24 ans et le choix d'un travail de substitution par le condamné. Il envisageait aussi la suppression de la peine des galères et flétrissures corporelles. Les députés de Droite (l'abbé Maury...) s'y opposèrent vivement et l'emportèrent. Juste une concession: une sorte de "mort propre". "La peine de mort consiste seulement dans la privation de la vie; aucune torture ne sera infligée.. Toute personne condamnée aura la tête tranchée (dit le Code pénal adopté le 1er septembre 1791). 

Utilisée pour la première fois à Paris, le 25 avril 1792, place du Carrousel, contre le bandit de grand chemin Nicolas-Jacques Pelletier, nôtre "rasoir national" ou "la veuve" où même le « bois de justice » (préférence des magistrats) eut un vif succès populaire jusqu'en juin 1939, date à laquelle les exécutions cessent d'être publiques. La guillotine sera utilisée en France jusqu'en 1977 - dernier condamné exécuté: Hamida Djandoubi, à la prison des Baumettes-, 4 ans avant que la peine de mort soit abolie (18/09/1981).


Durant la Terreur, Joseph Ignace
Guillotin est emprisonné puis 
libéré une fois les Montagnards 
écartés, Robespierre exécuté. 
Retiré de la vie politique, il ne 
se consacre plus qu'à la 
médecine. 

Guillotin est mort en mars 
1814 dans sa maison de la 
rue Saint-Honoré à Paris, de 
mort naturelle. 

Longtemps 
une légende a couru: pendant 
la Terreur, le député aurait été 
victime de sa propre machine. 
Cette rumeur reposait en fait 
sur une homonymie : il y eut 
bien un Guillotin décapité, il 
était bien médecin… mais à 
Lyon. 






Joseph Ignace a été inhumé 
au Père-Lachaise, à Paris,
on ne sait pas précisément où ?.. 


En focalisant sur "le rasoir national", on oublie souvent de signaler qu'en juin 1789, c'est le docteur Joseph Ignace Guillotin qui proposa finalement aux députés du Tiers Etat de s'assembler dans la célèbre salle du Jeu de Paume, puisque le roi Louis XVI leur interdisait de se réunir en la salle des Menus Plaisirs... 
On connaît la suite...

--------------- 
°°°   
L'avocat Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, d'abord député de la noblesse aux États généraux rejoint le Tiers État dès le mois de juillet 1789 et devient l'un des plus ardents député montagnard (il travailla avec Condorcet sur le projet de Plan d’éducation nationale). On le considéra aussi comme la victime de son propre paradoxe, tout comme Robespierre, puisqu'après avoir combattu la peine de mort il la préconisa pourtant à l'encontre de Louis XVI (20 janvier 1793) et périt quelques heures seulement après son vote par le sabre d'un royaliste qui le tenait pour responsable de la décision des élus du peuple et à défaut de pouvoir assassiner un autre régicide, comme il le prévoyait: Philippe Egalité, cousin du Roi.
Le défunt Lepeletier fut traité en martyr de la Révolution française – le premier -, avant Marat assassiné quant à lui le 13 juillet de la même année. La Convention fit des obsèques nationales au citoyen Michel et son corps fut conduit au Panthéon. Le 30 pluviôse an III (8 février 1795), la réaction thermidorienne, annula le décret qui avait accordé au Montagnard Lepeletier cette sépulture au Panthéon et la famille récupéra son corps. 
Un tableau des derniers moments du député a été réalisé par le grand peintre David, il a disparu: l'écrivain Jean d’Ormesson, membre de l’Académie française et l’un des descendants de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, déclare « La tradition familiale assure que Suzanne (sa fille, royaliste) a dissimulé le tableau honni de David dans l'épaisseur des murs de Saint-Fargeau. On a fait venir des voyants, des sourciers, des chercheurs de tout poil : ces efforts n'ont rien donné. Au désespoir de mon père, le tableau de David a toujours gardé son secret, sans doute perdu à jamais, peut-être dans les formidables murs roses du château de Saint-Fargeau».

[ La station de métro parisienne Saint-Fargeau rend hommage au député ...]

SOBRE EL ASUNTO. ESTE DEBATE EN LA TELEVISION ESPAÑOLA : 
(enlace)

 https://www.youtube.com/watch?v=_0FOC_xvYlc

 

samedi 25 novembre 2017



Des objets traces d'histoire :

LES BARBELES  /  ALAMBRES


Historia de los ALAMBRES DE ESPINO  :

 

En 1874 - un 24 novembre – l’agriculteur américain Joseph Farwell Glidden (1813-1906) dépose le brevet de son invention le FIL DE FER BARBELE (de l'anglais "barbed" -barbelé- et "bramble" -ronce-).

La légende dit que l’américain réalisa son premier fil barbelé à la demande de son épouse excédée par les dégâts des chiens dans son jardin. Son utilisation initiale est agricole: il sert à clôturer les vastes prairies à vaches de l’Ouest 
Américain.
                                 

  campo de concentracion (con mencion), dibujo de Luis Benet L.




Une machine réalise les cables et un moulin à café fabrique les pointes. 

En moins de 25 ans, la quasi totalité des ranchs est clôturée afin de délimiter clairement les possessions, c’est la fin de l'époque des pâturages libres ("open ranges") et du métier de cow-boy. 
Certains historiens pensent que la fin de la « Conquête de l'Ouest » coïncide avec l'arrivée du fil de fer barbelé. Son invention rend Joseph Glidden très riche…



1939, entran en el campo de concentracion (con la mencion) de Bram

Le fil barbelé est aussi utilisé pour barrer des frontières et sur les champs de bataille (lors de la Première Guerre mondiale, il est placé en tant que « défense accessoire » devant les tranchées, pour ralentir l'infanterie et la rendre plus vulnérable aux mitrailleuses), ainsi que pour clôturer les camps de concentration. Le barbelé est et reste un élément essentiel de l'univers concentrationnaire :
- autour des camps d’ Afrique du Sud pendant la guerre des Boers,1899-1902,
- à Cuba autour des camps de re-concentration espagnols, 
- en Namibie, les colons allemands voulant éliminer les peuples Herero et Nama,
- dans les années 30 et plus, en Espagne, en France, en Allemagne nazie, et malheureusement encore aujourd’hui….

Cette saloperie de métal mérite bien le surnom de Devil's Rope (la corde du diable) qu'on lui donnait.

Y por el final del articulo, leer el ejemplo del campo frances de concentracion de BRAM.



Dibujo: Pere Paloma en el campo de concentracion de Agde (con la mencion). "La Retirada. Mots Images d'un Exode "- Véronique Moulinié - Garae Hésiode, 2009.









 

Alambres y mirador. campo de Judes en Septfonds ( 82) :




1914 -1918 : Alambres, fue en la Primera Guerra Mundial donde alcanzó su máximo esplendor.

 

 

LOS CAMPOS DE CONCENTRACION FRANCES Y ALAMBRES : clôtures   

( ejemplo de BRAM en 1939. Documentos de los AD 47, 4M 334)  - abajo

altura: 3 metros

AD 47, 4M 334

 

SOBRE LOS ALAMBRADAS este enlace =

http://www.griegc.com/2019/10/01/tipos-de-alambradas/?fbclid=IwAR3ks4hdb7nzMCjKMrOTbhHZh7WcCnew-oXvC_Jd9OIyTBVICPXpc8GMdDY


 

dimanche 19 novembre 2017



ESCLAVAGISME ,  

2017 : une honte !

 

 

A ne pas vouloir voir, à préférer oublier plutôt que de fiche à bas ce système... 

ça continue !

Rappelons-nous septembre 2015: il y avait eu Aylan, enfant syrien sur une plage turque, et tant d'autres depuis, tant d'autres...
Combien d'esclaves, combien de noyés ?...






vendredi 17 novembre 2017



  Un  lapiz rojo républicain nommé José CABRERO ARNAL 


... ou quand l'Histoire met la pagaille dans la Géographie...


Rédigé à partir de mes 2 livres sur le sujet mais aussi du diaporama et du texte de mes conférences sur C.Arnal et cette THEMATIQUE :


Que peut-il bien rester de l'espagnol Cabrero Arnal dans   l'œuvre française de C.Arnal ?


 


Tout l'art d'Arnal en une ou 2 couverture(s) :

la composition de l'image ( triangle et diagonales) et couleurs pour souligner les oppositions de caractères dans la famille des Césarin... et Doudou n'en a cure !




 

( abajo )


Vieja portada (la 2 ème couverture) de la revista Mickey n°68, 1936:

Un fotografo / l'art de l'ellipse (un récit raccourci : le lecteur imagine la vignette suivante)







I / UN PARCOURS DE REPUBLICAIN . L'EXIL . MAUTHAUSEN …




José Cabrero Arnal naît le

6 septembre 1909 à Castilsabas, 

petit bourg voisin de Huesca, 

et meurt à Antibes-Juan

les pins, le 6 septembre 1982.










Un crayon pour ami,                




Caricature d'Alfonso XIII de Borbon (Bourbon)

et ses soutiens. oct 1931

Au début des années
20 , ses parents, de
pauvres paysans
aragonais,en quête 
d'emploi, quittent
le village pour
s'installer dans
l'attractive Barcelone
où le jeune José lit
ses toutes premières
BD et se passionne
pour le dessin . 
Autodidacte, il a
quelques maîtres
– Pat Sullivan (auteur
de Felix le chat), 
Walt Disney - et
s'exerce sans cesse, et
sur tous les supports.
Malgré son père qui
rêve pour lui d'un
«vrai métier» ( menuisier, 
réparateur de machines
à calculer ?.. ) et le
contraint à entrer en
apprentissage - peine
perdue! -, José s'entête 
et parvient à faire publier
ses premières planches.
Son talent est reconnu
et de prestigieuses
revues, des Illustrés 
( la célèbre TBO,
Pocholo, le Mickey
espagnol...) publient
ses œuvres pour
enfants, tandis
que
le journal satirique
l'Esquella de la Torratxa 
(un Canard enchaîné 
«façon barcelonaise») 




Dans POCHOLO. "BD sociale" de Arnal .

Don  Meliton, employé modèle, se dépêche: vite,  vite au travail... pour y lire...

Pocholo !

(y aparicion de los "bocadillos" en los comics españoles: la "bulle" en Espagne, grâce à C.Arnal...)




fait paraître ses caricatures
politiques .



Il signe aussi quelques
strips pour Algo
«hebdomadaire
encyclopédique illustré et 
de bonne humeur» ou
encore la célèbre revue
«féminine»  El Hogar y
la Moda.
En 1933 , il participe même
-et c'est le plus jeune- à un
tout premier salon des 
dessinateurs qui se tient à Barcelone












... Il est promis à une belle carrière et ses séries animalières ont tant de succès qu'elles paraissent sous la forme d'albums : « Viajes extraordinarios del perro Top » , « Paco Zumba », et en 1933, son prémonitoire – nous y reviendrons- « Guerra en el pais de los insectos » , qui sera même publié au Portugal.




Años 30 en España:

 

un de los primeros albumes de Comic editado en el pais, es firmado Cabrero Arnal (aficionado de las peliculas... de Melies, el frances)




Juillet 1936, les Olympiades populaires de Barcelone: 

organisées pour concurrencer les J.O de Berlin et dire non au nazisme, elles n'auront jamais lieu car ...


... les fascistes lancent leur "Golpe" (Julio de 36) et c'est la Guerre




-Tu as vu Adolphe? En Espagne ils ne veulent pas du fascisme. - Ce sont des barbares! Ils n'atteindront jamais notre niveau de civilisation (Esquella de la T, 1936).



La Guerre (3 ans)... et l'Exil



En juillet 1936,
les généraux se   

- N'oublie pas que le 5ème commandement 
dit,"Tu ne tueras point" -Quoi! Dieu,
te voila devenu communiste toi aussi !
(Esquella de la T. 1936)




rebellent contre
la République. 
José, le jeune
« fêtard » du 
Barrio Chino,
choisit son camp :
s'il dessine encore 
quelques caricatures
dans l'Esquella de
la Torratxa -Hitler 
et Mussolini, un
curé armé- il
décide de rejoindre
le front et s'enrôle
dans les milices 
républicaines (dans
la 27ème Division,
du PSUC, que 
commande le
communiste José 
Del Barrio). Il y est
mitrailleur sans
mitrailleuse d'une
compagnie de
mitrailleurs. On
manque d'armes chez
les républicains.







Gravement blessé à la jambe, une fois remis il participe encore à quelques combats (sur le Sègre) mais, comme 450 000 républicains doit quitter le territoire devant l'avance des troupes franquistes: fin 1938, c'est la Retirada. En France, il connaît les camps de concentrationdu littoral : Barcarès, St Cyprien, Agde, où il parvient tout de même à caricaturer quelques camarades .     




                

Remite 1939 (pour retour de courrier)
Jose Cabrero ARNAL détenu dans les camps de concentration français, ici le Barcarès





          

Steyr : Miguel Luciano Aznar Sesé.


Dans ces camps de concentration
il rencontre des intellectuels
catalans qui seront ses amis,tel le
manresano Joaquim Amat Piniella
(futur auteur du magnifique « K.L .
Reich », roman autobiographique 
sur la Déportation) ; et puis ce sera
l'engagement dans une CTE, le
départ pour la ligne Maginot un
25 décembre 1940 , les Stalags 

ensuite (Belfort où il dessine 
encore, puis celui de Fallingbostel 
en Prusse) et l'arrivée – le 27 
janvier 1941- dans le camp de
concentration nazi de Mauthausen 
en Autriche. Là encore, le déporté 
6299 parvient à caricaturer ses 
geoliers, à dessiner aussi pour les
anniversaires de ses amis avant d'être transféré versle terrible camp annexe de Steyr. 
En mai 1945, C. Arnal est libéré – 36 ans et moins de 42 kg - . Il rejoint la France 
que, désormais, il ne va plus quitter. . Lui qui avait un rêve, simple, boire une bière 
sur les Ramblas, ne retournera jamais en Espagne.



En 1943, "fêter" son anniversaire dans l'enfer de Mauthausen ou Steyr et garder son humanité malgré les nazis, c'est avoir en cadeau une caricature de l'ami C.Arnal (qui trouve toujours matière à dessiner, et crayons et papier)




Et, 1945 :  LIBERATION DES CAMPS NAZIS et FIN DE LA GUERRE



                                                        

1er Strip de Pif dans  l'Humanité, 1948 : ce que c'est que la faim ! 

La France d'après-guerre connaît encore le rationnement et les humoristes qui plaisantaient sur le ministre disaient "Ramadier-Ramadan"




Sa seconde carrière : le succès


Après quelque mois de convalescence en Tarn-et-Garonne (et de « régime caussadais ») , il retourne à Paris et s'y marie avec Denise, la savoyarde - maîtresse-femme : la gestionnaire du couple-. Grâce à son talent et à ses amis communistes (l'ex-déporté et photographe Francesc Boix , René Moreu …), José Cabrero Arnal entre aux éditions Vaillant pour lesquelles il dessine Placid et Muzo et à l'Humanité, quotidien pour lequel il crée son personnage emblématique : Pif le chien (en mars 1948) que rejoint un peu plus tard le chat Hercule . Très rapidement , notre dessinateur cesse de faire des caricatures pour se consacrer exclusivement à la Bande dessinée animalière , dite « pour enfants ». Sa production est énorme : il livre un strip de Pif par jour au quotidien communiste et surtout, il donne à publier des planches pour chaque numéro de l' hebdomadaire Vaillant, puis de PIF Gadget qui lui succède . Mais au début des années 60, sa mauvaise santé ( séquelle des camps) le contraint à lever le pied ou le crayon, à prendre quelques collaborateurs et successeurs : Roger Mas , Jacques Nicolaou...



Avril 1960  (ver encima la portada española del album de TOP ): comme un passage de relai souligné par composition de l'image et sens de lecture...  En octobre 1957, la chienne Laïka était partie pour l'espace dans Spoutnik



 … 

Ce sont les années fastes de la revue 


 caricature méconnue contre le Pacte de non-agression
(1939)
PIF qui diffuse les œuvres de grands 
créateurs ( Tabary, Gotlib, Poivet, 
Chéret et Lécureux, Paul Gillon, 
Hugo Pratt...) et connaît un immense 
succès populaire : les 400 à 600 000 
lecteurs hebdomadaires sont parfois 
même un million.
Le Gadget, reconnaissons-le
y est aussi pour quelque
chose : Pifises - crustacés
 microscopiques à élever en 
aquarium- , Pois sauteurs du 
Mexique ou branche de sapin  à 
planter…
Mais José, lui, est bien fatigué et 
réduit peu à peu ses activités pour 
se reposer sous des cieux plus 
cléments, méditerranéens, et 
pratiquer une autre de ses passions: 
la pêche en mer .
Il s'éteint à Antibes, en 1982, le jour de ses 73 ans.

II / LE REPUBLICAIN.



Dans l'Espagne des années 30, être anticlérical et viscéralement hostile à toute forme d'autorité suffit à vous classer comme républicain. C.Arnal l'est donc!

Son camarade, Ferran Planes, le qualifie de «libertaire sans doctrine ni système». Son amie Pilar (épouse du déporté Josep Bailina) confirme: «moqueur de toute politique (il avait) quelques idées anarchistes» (à l'auteur, 30.09.2010). Dans Barcelone «la rouge-et noire», le jeune homme goûte-t-il à la Liberté que les généraux et autres fascistes entendent la lui retirer. En plein été! Dés lors, il le dit: «moi qui n'avais jamais fait de politique, je deviens «un rouge».».
Plus tard, lors de son premier exil en France, il se révolte contre le pacte germano-soviétique d'août 1939 , et dessine une poignée de main entre Staline et Hitler, tous deux aux mains ensanglantées: caricature sans parole, violemment anti-stalinienne … et oubliée de tous!
Mais après Mauthausen et à Paris, il ne veut pas confondre le leader soviétique et les communistes espagnols ou français! Il respecte infiniment ces derniers et nombre d'entre eux sont ses amis. Il est fidèle en amitié!
Depuis la fin 1945 et durant de longues années s'il dessine pour la presse communiste, pour l'Humanité, il ne sera pas lui même adhérent du Parti. On le dit «compagnon de route»: il ne dément pas. 

Il ne sera pas non plus dessinateur de propagande, sauf à nommer propagande une œuvre faite d'amour, tendresse, fraternité et optimiste.
Il ne caricature plus que ses amis ou voisins, et pour les journaux communistes, quelques sportifs ou gens du spectacle (Bourvil…) . Il fait encore 5 ou 6 dessins, «réalistes» et anti-fascistes, mais la page «politique» est tournée, D'ailleurs il s'adresse désormais aux plus jeunes et dans ce domaine, il partage l'opinion du grand pédagogue républicain, Rodolfo Llopis (1895-1983): «Coûte que coûte, il faut respecter la conscience des enfants.».


III / LE DESSINATEUR, L'EXILE. 



a- Artiste accompli en Espagne déjà,.

Dans les années 30, l'homme maîtrise parfaitement son art, depuis plusieurs années .
Autodidacte, il a tant lu ses aînés - Sullivan ou Disney- tant pratiqué, qu'il n'a plus grand chose à apprendre dans l'art du trait ou celui de la couleur, juste à peaufiner quelques détails.

En ce qui concerne l'art de la narration, du découpage, du choix des angles de vue en fonction des effets recherchés, C.Arnal est tout aussi compétent et précis, c'est un conteur!
Novateur, il ose le cercle quand d'autres se conforment à la traditionnelle vignette carrée ou rectangulaire et s'amuse même à la casser, la déchirer, pour en faire source d'un nouveau gag ou suggérer le mouvement – car le dessin de C.Arnal est dynamique, explosif- .

Il est un des premiers à introduire la Bulle (ou «bocadillo») dans la Bande Dessinée espagnole, à multiplier aussi les onomatopées.
Son humour est adapté aux publics: le dessinateur-scénariste sait s'adresser aux adultes comme aux enfants. Daniel le dit: il adore jouer avec les plus jeunes dont il aime la vivacité, la spontanéité et l'enthousiasme.
Ses admirateurs sont nombreux, ses pairs l'estiment et le reconnaissent: c'est l'un des meilleurs!

b- Des effets de la déportation et de l'Exil sur l'oeuvre française,

L'artiste a 36 ans lorsqu'il débute sa carrière française et les acquis demeurent.
Reposé et dans une atmosphère sereine, il retrouve ses capacités artistiques... jusqu'à ce que sa santé défaillante l'empêche de poursuivre son activité. L'expérience des camps à un impact sur le corps.
Le mental a souffert aussi, mais la détermination reste et la passion ne l'a pas abandonné. C.Arnal veut faire front. Dessiner c'est vivre!
Il écrit à son petit neveu Daniel Cabrero ( et à lui-même ?): « Continue! Savoir dessiner ne sera jamais un handicap. A moi, ça m'a sauvé la vie» (04-02-1946).
L'auteur espagnol est complété par le savoir du déporté.

Le trait est sûr. Le dessinateur maîtrise et sait l'effet des courbes -sympathique-, des pleins et déliés -délicat-. Il aime la douceur enveloppante du rond qui devient « sa signature».
Ses nouveaux héros ont rondeurs et bourrelets. Il sait utiliser aussi les longues rectilignes, et fracturées avec des angles: elles sont agressives (Rappel des barbelés?..). Les personnages qu'il égratigne ont souvent le corps droit et sec, gendarme excepté, qui possède déjà bottes et uniforme ou a le visage barré de fortes moustaches.

Conteur hors pair, C. Arnal excelle dans l'art de l'ellipse ou de la composition de l'image . En utilisant plongée, contre-plongée, oppositions des masses, sens de lecture, il suggère toute une histoire en un seul dessin et le fait avec bonheur dans chacune de ses couvertures des Aventures de Pif le chien.

Humour et anthropomorphisme sont caractéristiques de son œuvre . En Espagne, José s'est fait spécialiste de la Bande Dessinée animalière mais est réputé aussi pour ses féroces portraits-charges de politiques, militaires ou curés. En France, il est surtout connu pour ses dessins anthropomorphiques , innombrables. Son talent de caricaturiste est oublié: Vaillant publie pourtant quelques amusants portraits (4 amis: R. Moreu, P. Olivier, Jean Olivier, Roger Lécureux) mais l'Humanité ne s'intéresse bientôt plus qu'à son Pif.
Le dessin «réaliste» l'attire peu. En Espagne, dans les revues de Mode, les corps gracieux de ses modèles étaient équipés de comiques minois.
C.Arnal est un dessinateur humoristique avant tout : les animaux sont bien plus amusants que les humains. Plus séduisants aussi pour les enfants qu'il rêve de faire rire.
En faisant vivre ses personnages imaginaires inspirés par des animaux il peut en dire beaucoup sur les hommes!
Le dessinateur va «recycler» ses personnages espagnols, reprendre quelques traits, les franciser , pour en bâtir de nouveaux. Il en réemploie certains, secondaires ( et les Césarin : Tonton, Tata, -des «humains rigolos»- ont des jumeaux barcelonais). Adieu Rob – Héros de Guerra en el pais de los insectos- , Paco Zumba (…) et bonjour Pif!
Le chien Top (efflanqué) et Topilita, son amusante fiancée, ont donc une 5descendance . Le premier réapparaît en couverture des Aventures de Pif, dans un émouvant passage de relais, par exemple. L'un s'en va quand l'autre arrive qui vole
de ses propres ailes (art de la composition).
Deux petits portraits, genre photo de famille et Pif lui même, dans une bulle, confirment la filiation avec les illustres ibères.
Pif est le personnage phare mais l'ours Placid , heureux personnage qui se montre cruel parfois, et son fameux complice, Muzo, le rusé renard, sont emblématiques aussi. Le dessinateur sait le poids de l'imaginaire collectif et l'utilise. Ainsi va-t-il créer un nouveau personnage, Hercule qui assoit mieux encore le côté canin de Pif. Il est dit que Chat et chien ne peuvent s'empêcher de s'opposer ! Cet affrontement «naturel» entre les deux genres est cause de nombreux gags. Il crée des situations absurdes. L'artiste approche là surréalisme et poésie.
De plus, les duos comiques ont toujours amusé celui qui fut membre actif du Club Laurel et Hardy barcelonais (El Gordo y el Flaco). Ils permettent aussi de poser ces questions: Pourquoi se dispute-t-on? Cela en vaut-il la peine?
C.Arnal ? Dessinateur pour enfants...
Nous n'insistons pas davantage et nommons juste quelques autres personnages: Bec d'or, Roudoudou le cabri, Fifine et Fonfon, petits lapin et mulet...
Et chez les «humains», tout de même, cette figure: le petit Doudou des Césarin.

La thématique du manque est une des constantes de l'oeuvre. C. Arnal reste marqué par les privations de son enfance, et la Faim : son quotidien durant les neuf longues années.de Guerre 

Les soucis alimentaires dans une France où le rationnement perdure, les soucis alimentaires de ses personnages de papier seront sources de nombreux gags . Lors de sa première apparition dans «l'Humanité» quotidienne (mars 1948), le chien Pif dérobe l'énorme fémur d'un dinosaure de musée. L'ours Placid est un glouton qui se rue sur saucisson et jambon... serrano!
Le bonheur des personnages à dévorer de belles viandes est si fort que le lecteur perçoit le plaisir de l'auteur (qui se venge) à croquer la scène.
Quand il veut confronter ses héros de papier aux fins de mois difficiles C.Arnal nul besoin de discours, il dessine les tristes mines de Placid et Muzo, tout deux face à un malheureux bout de de saucisse.
La fréquence des problèmes de logement dans les strips est souvent considérée comme la marque d'un auteur ancré dans les réalités: c'est vrai! Fin observateur du monde qui l'entoure, rien ne lui échappe du vécu des français. Mais le sujet est révélateur de craintes profondes de José lui-même: durant 9 ans, le soldat, le réfugié en camp, en C.T .E. puis le déporté a connu ce qu'est la survie sans abri ni chaleur.


1946. «Cristino Garcia-Le Guerillero" 

Chef maquisard, héros de la Resistance, décoré de la Légion d'honneur, il revient en clandestin en Espagne y animer la guerrilla communiste. Il est arrêté et Franco le fait fusiller malgré les protestations internationales (dessin pour la brochure de Manuel Pero pour «Jeunesse héroïque»). 


Un dessinateur français ? un « apatride » resté espagnol qui demandera la nationalité française dans les années 50, mais ne l'obtient pas **. C'est la Guerre froide et il est salarié de l'Humanité. Il n'est pas homme de dossier et n'insiste pas. Etre l'époux d'une française, avoir un travail, une maison, une barque; ça lui suffit! Ses petits lecteurs, et les Césarin, sont sa famille , lui qui n'aura pas d'enfant. Il mourra donc apatride et sans revoir jamais son pays natal . Pourtant, il garde l'Espagne au cœur et n'oublie pas le combat anti-fasciste.
En 1946, 4 de ses dessins réalistes 
paraissent en hommage à «Cristino              
«Le patriote résistant», sup. au
n°426, avril 1975
Garcia-  Le guerillero» que fera
fusiller Franco (brochure de Manuel
Pero pour «Jeunesse héroïque»).
Ses camarades des camps
obtiennent qu'il réalise une
œuvre réaliste et il dessine
alors un déporté qui gravit
les 186 marches de l'escalier
deMauthausen: un chemin de
croix...
gammée!(«Le patriote résistant»,
supplément en espagnol au
n°426, avril 1975). Mais c'est
lorsqu'il est dans son registre et
avec son bestiaire que C.Arnal
est le plus inventif et percutant,
un Maître-Artiste. 

** en pleine opération policière Boléro-Papryka, 
CIA-France-Espagne franquiste... (cf ce Blog)                  



Et ce sont Placid et Muzo qui voyagent en hélicoptère. Et ce douanier d'un pays imaginaire qui les repère dans le ciel. Le Palais est alerté: on survole le territoire. Un ordre est donné, sec! «Qu'on les descende!» dit un dictateur bardé de médailles -«excellence qui excelle»-, caricature d'un certain caudillo (Vaillant- 19 juin 1947- n° 110). Le message est glissé…dans le journal pour enfants! Fait rarissime.



Placid et Muzo  (Vaillant- 19 juin 1947- n° 110)



Une autre « référence » au passé de déporté du dessinateur est longtemps passée inaperçue,. Elle est toute entière liée au sens qu'il a de l'amitié, de la « Camaraderie » (et j'emploie ce mot à dessein) : c'est l'apparition dans ses strips de son ami Francisco Boix, le fameux photographe de Mauthausen et seul témoIn espagnol lors du procés de Nuremberg, Dans l'Humanité des années 50 et alors qu'il est reporter sur le Tour de France pour ce journal, Boix devenu « Pako » petit personnage de papier vif et casse-coup à l'image de son modèle rencontre un Pif … admiratif. 




( encima ) Années 50, dans les locaux de l'Humanité C.Arnal y el matriculo 5.185, F. Boix.

El fotogafo fue destinado por las SS al Departamento de identificación y, aprovechando su trabajo en el laboratorio fotográfico, salvó de la destrucción los negativos que demostraron el infierno de los campos junto a otros compatriotas: Antoni García Alonso y los presos que llevaban las instantáneas a la señora Pointer para que los escondiera en un muro. Salvaron 20.000 de las 60.000 fotos, entre también estaban las de la liberación que Boix había tomado con su Leica. Unas imágenes que cambiaron el rumbo de los juicios de Nurenberg el 28 de enero de 1946 y que permitieron identificar a algunos de los Jefes nazis .


abajo : Strip 1950, Francisco es PaKo ( en el diaro comunista frances l'Humanité )





                                                                 
                                                        
Il y a d'autres clins d'oeil,   
mais à la Culture espagnole :




 - dont cette planche 
de Pipolin : le                 
mécontement de 
Fifine mais de la
 tendresse pour 
l’oeuvre de Picasso,








- dont cette petite carte
postale Vaillant qui
présente Placid et Muzo
devant des moulins à
vent, sur mule et rosse,
tel Sancho et Quijote...

 

«La Liberté, Sancho,

est un des dons les

plus précieux...».

 



Autor :   Philippe Guillen. 





Cuando "vuelve" a España C. Arnal con la publicacion de la  revista PIF (37 numeros entre 1978 y 1979)







Cabu rendait hommage à C.Arnal ( aout 2014. Festival de la BD de Eauze- Gers). Quelques mois après il était assassiné avec ses amis de Charlie



LES 2 LIVRES SUR LE SUJET =