mercredi 29 novembre 2017



Les objets, traces d'histoire (2) : La guillotine

 


Le 28 novembre 1789, devant l'Assemblée constituante, a lieu la toute première présentation   d'une nouvelle machine à exécuter les condamnés. Celui qui officie va laisser son nom: il s'agit du député Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814)
L'histoire associera son patronyme à l'outil qui prendra  le surnom de "guillotine".

C'est le chirurgien Antoine Louis qui, en s'inspirant d'une machine d'origine écossaise et aidé par un certain Schmidt, fabricant ... de clavecins, a mis au point cette machine qui permet d'abréger les souffrances des condamnés en les... décapitant d'un coup - la louisette / la louison sont ses autres surnoms -. 
Moyen "le plus sûr, le plus rapide et le moins barbare" et sans les inconvénients de la décollation par le sabre ou la hache - qui peuvent ripper - , la guillotine introduit de l'égalité dans les supplices. Jusque là on exécutait les roturiers soit par pendaison soit sous les supplices: bûcher, roue, écartèlement, alors que les aristocrates - privilège !- étaient décollés.

"Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d'oeil, et sans que vous éprouviez la moindre douleur" aurait déclaré le député Guillotin lors du débat à la Constituante. 

En 1791, l'Assemblée étudia tout de même un projet de Code pénal présenté par Michel Le Peletier de St- Fargeau (1760-1793) °°°, qui a déjà renié ses origines nobles pour épouser la « vraie cause », celle du peuple français et rejoindre les Montagnards. Le code envisageait la suppression de la peine de mort et son remplacement par une peine d'emprisonnement de 12 à 24 ans et le choix d'un travail de substitution par le condamné. Il envisageait aussi la suppression de la peine des galères et flétrissures corporelles. Les députés de Droite (l'abbé Maury...) s'y opposèrent vivement et l'emportèrent. Juste une concession: une sorte de "mort propre". "La peine de mort consiste seulement dans la privation de la vie; aucune torture ne sera infligée.. Toute personne condamnée aura la tête tranchée (dit le Code pénal adopté le 1er septembre 1791). 

Utilisée pour la première fois à Paris, le 25 avril 1792, place du Carrousel, contre le bandit de grand chemin Nicolas-Jacques Pelletier, nôtre "rasoir national" ou "la veuve" où même le « bois de justice » (préférence des magistrats) eut un vif succès populaire jusqu'en juin 1939, date à laquelle les exécutions cessent d'être publiques. La guillotine sera utilisée en France jusqu'en 1977 - dernier condamné exécuté: Hamida Djandoubi, à la prison des Baumettes-, 4 ans avant que la peine de mort soit abolie (18/09/1981).


Durant la Terreur, Joseph Ignace
Guillotin est emprisonné puis 
libéré une fois les Montagnards 
écartés, Robespierre exécuté. 
Retiré de la vie politique, il ne 
se consacre plus qu'à la 
médecine. 

Guillotin est mort en mars 
1814 dans sa maison de la 
rue Saint-Honoré à Paris, de 
mort naturelle. 

Longtemps 
une légende a couru: pendant 
la Terreur, le député aurait été 
victime de sa propre machine. 
Cette rumeur reposait en fait 
sur une homonymie : il y eut 
bien un Guillotin décapité, il 
était bien médecin… mais à 
Lyon. 






Joseph Ignace a été inhumé 
au Père-Lachaise, à Paris,
on ne sait pas précisément où ?.. 


En focalisant sur "le rasoir national", on oublie souvent de signaler qu'en juin 1789, c'est le docteur Joseph Ignace Guillotin qui proposa finalement aux députés du Tiers Etat de s'assembler dans la célèbre salle du Jeu de Paume, puisque le roi Louis XVI leur interdisait de se réunir en la salle des Menus Plaisirs... 
On connaît la suite...

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°°°   
L'avocat Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, d'abord député de la noblesse aux États généraux rejoint le Tiers État dès le mois de juillet 1789 et devient l'un des plus ardents député montagnard (il travailla avec Condorcet sur le projet de Plan d’éducation nationale). On le considéra aussi comme la victime de son propre paradoxe, tout comme Robespierre, puisqu'après avoir combattu la peine de mort il la préconisa pourtant à l'encontre de Louis XVI (20 janvier 1793) et périt quelques heures seulement après son vote par le sabre d'un royaliste qui le tenait pour responsable de la décision des élus du peuple et à défaut de pouvoir assassiner un autre régicide, comme il le prévoyait: Philippe Egalité, cousin du Roi.
Le défunt Lepeletier fut traité en martyr de la Révolution française – le premier -, avant Marat assassiné quant à lui le 13 juillet de la même année. La Convention fit des obsèques nationales au citoyen Michel et son corps fut conduit au Panthéon. Le 30 pluviôse an III (8 février 1795), la réaction thermidorienne, annula le décret qui avait accordé au Montagnard Lepeletier cette sépulture au Panthéon et la famille récupéra son corps. 
Un tableau des derniers moments du député a été réalisé par le grand peintre David, il a disparu: l'écrivain Jean d’Ormesson, membre de l’Académie française et l’un des descendants de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, déclare « La tradition familiale assure que Suzanne (sa fille, royaliste) a dissimulé le tableau honni de David dans l'épaisseur des murs de Saint-Fargeau. On a fait venir des voyants, des sourciers, des chercheurs de tout poil : ces efforts n'ont rien donné. Au désespoir de mon père, le tableau de David a toujours gardé son secret, sans doute perdu à jamais, peut-être dans les formidables murs roses du château de Saint-Fargeau».

[ La station de métro parisienne Saint-Fargeau rend hommage au député ...]

SOBRE EL ASUNTO. ESTE DEBATE EN LA TELEVISION ESPAÑOLA : 
(enlace)

 https://www.youtube.com/watch?v=_0FOC_xvYlc

 

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